Endométriose

Textes de MedSexPlain & Sexopraxis · Illustrations de Noémie Creux
Endométriose

Définition

L’endométriose est une maladie chronique caractérisée par la formation de cellules semblables à celles de la muqueuse utérine (appelée endomètre) en dehors de l’utérus. Ces cellules réagissent aux signaux hormonaux des cycles menstruels et saignent hors de l’utérus, ce qui provoque une inflammation des tissus environnants. Cela se traduit par différents symptômes parfois très invalidants pour la personne concernée.

Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM - France), l’endométriose touche 10% des personnes avec une vulve dans le monde, et 40% de celles souffrant de douleurs pelviennes chroniques, en particulier pendant les règles.

Le pourcentage de 10% est probablement sous-estimé car l’endométriose est malheureusement sous-diagnostiquée. Les méthodes diagnostiques et les connaissances actuelles de la maladie sont insuffisantes, ce qui entraîne une longue errance thérapeutique pour les personnes qui en souffrent : le temps moyen de diagnostic de l’endométriose est de 8 ans.

Rappel du cycle menstruel

  • La première phase du cycle menstruel est la phase proliférative : l’œstrogène (une hormone sexuelle) va permettre la multiplication des cellules de l’endomètre pour qu’il atteigne une épaisseur suffisante et qu’un embryon puisse s’implanter. L’œstrogène agit sur la prolifération massive des cellules et stimule aussi les cellules responsables de l’endométriose. Ces cellules se comportent comme du tissu utérin, mais en dehors de la cavité utérine.
  • Pendant la seconde phase du cycle menstruel, la phase lutéale, la progestérone (une autre hormone sexuelle) provoque une modification des cellules de l’endomètre qui vont former des glandes pour secréter des nutriments. Ces nutriments vont permettre à l’embryon de survivre dans l’utérus.
  • Si aucun embryon ne s’implante, la quantité de progestérone chute après 10 jours. Cela va provoquer une contraction des artères de l’endomètre et réduire l’arrivée de sang. Les cellules vont alors mourir, et s’éliminer avec les menstruations pour laisser un endomètre très fin.

Symptômes

Les symptômes de l’endométriose sont nombreux et varient d’une personne à l’autre. La maladie cause parfois des douleurs invalidantes et provoque des symptômes qui altèrent l’état général de la personne: par exemple une sensation de malaise général, des fluctuations de l’humeur ou un manque de dynamisme.

Conséquences physiques, mentales et sexuelles

Les douleurs causées par l’endométriose sont très variables: elles peuvent être minimes voire absentes mais elles peuvent aussi être si intenses qu’elles sont invalidantes.

Ces douleurs peuvent être très intenses pendant les règles. Mais, elles peuvent aussi être présentes pendant les rapports sexuels ou affecter le transit : aller à la selle est alors difficile voire impossible.

Ces douleurs chroniques et parfois très fortes sont une lourde charge mentale pour la personne qui les subit. Non seulement les douleurs chroniques sont désagréables, fatigantes et éprouvantes, mais comme l’endométriose est un sujet difficile à aborder en société, ces douleurs sont aussi difficiles à assumer. Les personnes atteintes d’endométriose se sentent parfois mal à l’aise pour en parler.

Les douleurs pendant les relations sexuelles peuvent être pesantes et difficiles à gérer. Les tabous et préjugés autour de la sexualité empêchent parfois les personnes souffrant d’endométriose d’exprimer librement leur ressenti et peuvent induire une peur de l’acte sexuel.

Même si ce n’est pas facile, il est important de communiquer avec tes partenaires, de parler des pratiques qui sont agréables ou au contraire désagréables pour toi. Par exemple, la pénétration est souvent douloureuse chez les personnes atteintes d’endométriose. Mais la pénétration n’est pas obligatoire et tu peux explorer pleins d'autres pratiques non douloureuses qui peuvent t’apporter du plaisir.

Conséquences sur la fertilité

Différents phénomènes associés à l’endométriose peuvent avoir des conséquences sur la fertilité :

  • Les douleurs pendant les rapports sexuels peuvent rendre la pénétration impossible
  • L’endométriose peut altérer la maturation de l’ovule
  • Les kystes ovariens peuvent perturber la maturation de l’ovule
  • Les adhérences peuvent bloquer le passage de l’ovule
  • L’adénomyose, c'est-à-dire quand des cellules de la muqueuse utérine (endomètre) s’infiltrent dans le myomètre (couche musculaire de l’utérus), et la réaction du système immunitaire contre les foyers d’endométriose peuvent limiter l’implantation de l’ovule dans l’utérus.

Diagnostic

Si tu penses souffrir d'une endométriose, discutes-en avec un ou une gynécologue. Le diagnostic est réalisé grâce à l'un de ces examens complémentaires:

  • L’échographie endo-vaginale, qui consiste à introduire une sonde dans le vagin pour voir les organes internes grâce à des ultrasons. Elle est en principe indolore, mais l’introduction de la sonde peut être désagréable. Cet examen permet de détecter la présence de kystes ovariens mais il ne permet pas de voir toutes les lésions d’endométriose. Elles peuvent donc passer inaperçues. Pour limiter les douleurs, tu peux demander à introduire toi-même la sonde.
  • L’IRM pelvienne est une technique d’imagerie par résonance magnétique qui permet de détecter avec précision les lésions d’endométriose. Cet examen complète les résultats de l’endo-échographie. L’IRM est réalisée en faisant passer la personne dans un grand tube bruyant. Elle est indolore et non-invasive, mais il ne faut rester immobile pendant une vingtaine de minutes. Si tu souffres de claustrophobie, signale-le aux personnes qui réalisent ton examen. N'hésite pas à leur demander de bien t'expliquer le déroulement de l'examen pour te rassurer.
  • L’examen de référence qui permet de poser un diagnostic complet d’endométriose est la cœlioscopie ou laparoscopie. Cette intervention chirurgicale consiste à introduire une caméra par des petites incisions dans l’abdomen pour observer directement les lésions d’endométriose. Cet examen invasif permet aussi de prélever des tissus (biopsies) pour confirmer le diagnostic. Ce n'est pas un examen que tu feras lors de ta première consultation chez ton ou ta gynécologue. Si tu ressens de l'inquiétude à l'idée de faire cet examen, discutes-en lors de tes rendez-vous.

Pourquoi ça m’arrive ?

Le phénomène qui explique le plus probablement l’endométriose est celui de la «menstruation rétrograde» : pendant tes règles, le sang remonte dans la cavité abdominale par les trompes au lieu de s’évacuer avec les menstruations. Ce sang transporte avec lui des cellules de l’endomètre qui peuvent survivre dans la cavité abdominale, se coller au péritoine, c'est-à-dire la membrane qui tapisse les organes de l’abdomen, et s’y implanter en créant ainsi des foyers d’endométriose.

Les foyers d’endométriose ressentent l’influence hormonale du cycle menstruel et libèrent donc du sang qui est coincé dans la cavité abdominale. Ce sang provoque une inflammation des tissus voisins. Quand les tissus irrités cicatrisent, ils créent des adhérences, c'est-à-dire qu’ils se collent à d’autres organes.

Cette inflammation chronique peut être combinée avec des kystes ovariens, qui sont des cavités anormales formées par des foyers d’endométriose, ou aux adhérences entre différents tissus.

Qui consulter ?

Les traitements de l’endométriose varient selon les cas et les besoins des personnes atteintes : traiter une infertilité, lutter contre des douleurs, ou éliminer radicalement la maladie et diminuer le risque de récidive.

La prise en charge de l’endométriose consiste en un traitement sur mesure, adaptée à chaque personne. Par exemple :

  • une pilule hormonale prise en continu pour limiter les saignements, donc les douleurs
  • la chirurgie pour enlever des kystes
  • des thérapies moins invasives et plus naturelles, comme des médecines manuelles (ostéopathie), à base de plantes (phytothérapie) ou d’autres pratiques alternatives peuvent aider à soulager certains symptômes.

Tous ces traitements seront proposés par ton ou ta gynécologue, ou d’autres spécialistes.

schéma : Schéma en coupe d'un utérus sain par lequel s'écoule normalement les règles

Utérus sain par lequel s'écoule normalement les règles

schéma : Schéma en coupe d'un utérus présentant des boules oranges qui représentent des foyers d'endométriose enflammées. On dirait qu'elles colonisent l'utérus et se propagent. On voit également de adhérences s'accrocher comme de la colle aux différentes parties de l'utérus.

En cas d'endométriose, une partie du sang menstruel s'écoule en dehors de l'utérus, ce qui créée des foyers d'endométriose et des adhérences.

schéma : Le cycle menstruel est représenté par un cercle. On observe l'évolution d'un ovule de la folliculaire, qui est la phase 1, à la phase lutéale, qui est la phase 2. La phase 1 commence le premier jour des règles et se termine au quinzième jour, qui marque l'ovulation. La phase 2 commence à partir du seizième jour et prend fin avec les règles si l'ovule n'est pas fécondé.

Shéma du cycle menstruel